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Elle était la cadette, celle du milieu, celle qui devait être parfaite, plus que sa petite soeur mais un peu moins que son aîné, elle était celle qui devait rester modeste, toujours souriante, toujours aimable. D'autant plus qu'elle était la fille du pasteur, lourde responsabilité pour une jeune fille qui ne rêvait que de liberté, d'action et d'aventures. Depuis sa plus tendre enfance, depuis les "il était une fois Cendrillon qui partait au bal" ou les "Il était une fois la petite sirène qui vivait son rêve et partait explorer la terre ferme ou elle rencontra l'amour de sa vie" Louise Baxter aussi rêvait de sa propre aventure, sa propre histoire, son propre "il était une fois" mais c'était trop demander, tout ce auquel elle avait droit était "Il était une fois la petite fille sage du pasteur qui assistait à la messe tous les jours" et sa vie excitante s'arrêtait la. Cependant, une fois arrivée au lycée, la jeune fille commençait à vagabonder, à avoir une vie sociale, un bon petit groupe d'amis et ses notes et son comportement commencèrent à encaisser le poids de sa liberté et à en pâtir. Que très peu, certes, mais assez pour que papa et maman ainsi que toute la ville en fassent toute un histoire. La voila, son histoire; Elle était la fille Baxter rebelle, celle qui ne serait jamais assez bien, celle qui ne serait jamais aussi intelligente et mature que son frère, Olivier et celle qui ne serait jamais aussi polie et aussi jolie que sa petite soeur, Clémence. Et souvent, on entendait dire ses parents qu'elle n'était qu'une erreur, la honte de la famille, l'enfant de trop mais elle se contentait de sourire, d'encaisser, de prendre leur dires comme une blague mal tournée, inententionelle, aussi inintentionnelle qu'elle l'était auprès de sa famille. Elle rêvait de changement, elle rêvait de tout quitter mais elle savait qu'elle n'en aurait pas eu le cran. Pour l'instant, elle avait le potentiel d'une Cendrillon qui refuserait l'aide de sa marraine la fée, elle avait le potentiel d'une fille de pasteur restée enfermée. Non pire, elle n'avait aucun potentiel, juste trop de rêves et d'espoir.


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Puis le jour arriva ou son prince fit son entrée dans sa vie, il allait lui offrir la liberté dont la petite Louise avait toujours rêvé, il allait lui proposer de l'aventure, de l'action et même une part de rêve.

Ils étaient voisins et pourtant, tout les séparait, il venait d'une famille dévergondée ou tout était admis, drogue, alcool, soirées et compagnie, elle venait d'une famille religieuse ou rien n'était possible. Il était populaire, elle n'était qu'une tête de plus au lycée de Scottsdale et pourtant, depuis le jour ou ce bad boy s'était installé à côté de chez elle, Louise ne rêvait que de devenir sa petite amie mais jamais il n'avait semblé de ne serait-ce que remarquer son existence. Elle l'observait de loin, était intriguée par ce voisin qui semblait vivre une vie totalement différente de la sienne et pourtant, lorsque par hasard elle croisait son regard, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un petit pincement au coeur. Elle était passionnée, il était inaccessible.

« Bonjour madame Baxter, je viens voir Louise » c'était en janvier 2008 que sa voix grave avait résonné dans le hall d'entrée de la famille Baxter pour la première mais aussi dernière fois. Depuis sa chambre, la jeune fille avait écouté et reconnu ce ton de voix dont elle avait tant rêvé et que jamais elle n'aurait imaginé entendre dans sa propre maison. Elle avait accourut, un sourire aux lèvres. Du haut des escaliers, elle s'éclaircit la voix et prononça son premier mot au jeune homme. « Salut! » Et il était monté dans sa chambre, avec l'accord de Mme Baxter, bien sûr. Elle était à la limite de la crise d'hystérie lorsqu'elle le regardait, assis sur son propre lit, à elle. « Tu .. ? » « Alors je.. » avaient-ils prononcé à l'unisson, laissant place a un silence hésitant concernant qui prendrait la parole en premier. « Louise, J'avais un truc à te demander si tu veux bien. Tu risques de trouver ça bizarre mais bon. » finit-il par lâcher. « Oui ? Et c'est "Aloysia" pour les intimes. » Elle s'attendait à tout, vraiment tout, sauf ce qu'il s'apprêtait réellement à lui demander. « Je m'en vais. Je pars, sur la route, loin d'ici, j'en ai ma claque de ma famille de merde, de ma vie de merde, de tout. Je sais pas ou je vais, ni avec quelles ressources, j'ai une voiture et c'est tout tu vois. » De choc, elle se contentait de hocher la tête tandis qu'elle se demandait pourquoi il lui disait ça, à elle. « Pars avec moi. » lâcha-t-il avant de reprendre une bonne bouffée d'air. « J'ai pas envie de me prendre la tête, j'ai envie d'être en bonne compagnie et tous les jours on se croise, tu me souries et t'as l'air cool, j'ai envie que tu viennes avec moi. J'ai ma voiture, si tu veux on pars cette nuit, toi, moi, nous deux, sur les routes. Je te promets qu'ça va être sympa, mieux qu'ici... »

Il était minuit. Trois petits coups secs retentirent sur la fenêtre de la jeune fille. « Oui, Kyle. Partons, ensemble, on sera heureux, pour le reste on verra après » lui avait-elle chuchoté énergiquement depuis l'intérieur de sa chambre qu'elle quitta quelques minutes plus tard pour la dernière fois avec une valise à la main.

Pendant cinq ans, elle était restée sur les routes avec son prince charmant. Elle avait laissé sa vie, sa famille et son passé de côté et avait même décidé de changer de prénom en utilisant son deuxième prénom "Aloysia". En enfer la petite Louise Baxter, fille de pasteur qui respectait les règles. Dans cette voiture, Aloysia avait changé, elle avait mûri, elle avait expérimenté la vie, elle avait vécu sans limites, sans personne pour lui dire quoi faire ou quoi dire. Elle avait passé les cinq meilleures années de sa vie malgré des hauts et des bas mais bientôt, le passé la rattraperait.

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Les contes de fée, ça ne dure jamais, pas dans la vraie vie en tout cas et ça Aloysia l'avait appris à ses dépens et à la dure. Dans cette voiture, elle avait acquis la liberté mais elle avait aussi perdu sa protection contre les malheurs de la vie et les coeurs brisés. Très vite, l'aventure tourna mal. Cinq ans, à faire des conneries comme s'il n'y avait plus de lendemain, c'était long pour deux gamins qui avaient décidé de partir ensemble sur un coup de tête sans réellement s'aimer ni être fait l'un pour l'autre. Au début, c'était un conte de fée, il était le prince qui l'avait fait quitter sa prison dorée, elle était la "Raiponce" qui mettait de la joie dans sa vie de délinquant. Ils s'aimaient, ils n'en doutaient pas, tellement pas qu'arrivés à Las Vegas, ils s'étaient passé la bague au doigt. Mais le contes de fée, ça ne dure pas. Les désaccords commencèrent à arriver, les disputes aussi et au bout de la quatrième année, rien n'allait plus entre le prince et sa princesse, mis à part des assiettes qu'ils s'envoyaient à la tête en guise de clôture d'argumentation. Mais après quatre ans ensemble, ils s'aimaient, ou ils pensaient s'aimer. C'était de l'amour vache, de l'amour abusifs, c'est ce qu'ils se disaient en tout cas. Mais un jour, l'amour abusif le devint un peu trop. Tellement qu'un jour, Aloysia trouva son bien aimé dans les bras d'une autre fille et boum, son coeur se craqua en un million de pièces irréparables.

Et elle réalisa ce qu'elle n'osait pas réaliser depuis tout ce temps; elle n'était plus heureuse, elle aimait Kyle mais pas assez pour continuer de se rendre misérable, pas assez pour souffrir sans cligner des yeux. C'était fini, elle avait besoin de se poser, de tourner la page, d'oublier.

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Elle avait tout quitté pour fuir avec Kyle et c'est une fois seule au bord de la route qu'Aloysia réalisa qu'elle avait perdu tous ses repères, tous ses amis, toute sa famille, toute sa vie, à vrai dire. Son futur était incertain et la jeune fille était tellement dépitée qu'elle pensa même, l'espace d'une seconde, à se jeter sous les roues d'une voiture, le seul endroit ou elle n'aurait plus à penser à combien elle avait déconné, ce soir la, en partant avec son voisin dont elle ne connaissait que le nom. Certes, elle ne regrettait pas les bons moments passés avec lui, même les pires, ceux qui l'avait aidée à grandir et à affronté la difficulté de la vie mais les moments les plus difficile à revivre était les souvenirs avec sa famille, cette famille qu'elle avait quitté sans même une dernière pensée, cette famille qu'elle avait abandonnée à vrai dire. Elle se remémorait les noël sous le sapin, les diners à se raconter leur journées, et même quelques disputes qui se réglaient par une réconciliation et des embrassades et malgré tout, malgré la promesse qu'elle s'était faite de laisser le passé et sa famille derrière elle, Aloysia ne pouvait s'empêcher de ressentir un manque. Elle ne pouvait pas s'empêcher de vouloir y retourner.

Elle avait conscience qu'après cinq ans et qu'après son départ fourbe, rien ne serait comme avant et que l'accueil risquerait d'être froid, même glacial mais la sage petite Clémence lui manquait et même Olivier, avec qui elle était vaguement restée en contact, lui manquait. Elle voulait les revoir, s'excuser, régler tout ça en embrassade, faire comme si ces cinq dernières années ne s'était jamais passées et surtout, elle voulait que tout soit comme avant et récupérer sa famille qu'elle avait jetée comme de vulgaires ordures. Et malgré la difficulté de cette décision et ce qu'elle entrainerait, cette nuit la, Aloysia prit la direction de son village natal qu'elle avait fuit cinq ans auparavant. Ce soir la, Aloysia prit la direction de Scottsdale.