Ils étaient voisins et pourtant, tout les séparait, il venait d'une famille dévergondée ou tout était admis, drogue, alcool, soirées et compagnie, elle venait d'une famille religieuse ou rien n'était possible. Il était populaire, elle n'était qu'une tête de plus au lycée de Scottsdale et pourtant, depuis le jour ou ce bad boy s'était installé à côté de chez elle, Aloysia ne rêvait que de devenir sa petite amie mais jamais il n'avait semblé de ne serait-ce que remarquer son existence. Elle l'observait de loin, était intriguée par ce voisin qui semblait vivre une vie totalement différente de la sienne et pourtant, lorsque par hasard elle croisait son regard, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un petit pincement au coeur. Elle était passionnée, il était inaccessible.

« Bonjour madame Baxter, je viens voir Louise » c'était en janvier 2008 que sa voix grave avait résonné dans le hall d'entrée de la famille Baxter pour la première mais aussi dernière fois. Depuis sa chambre, la jeune fille avait écouté et reconnu ce ton de voix dont elle avait tant rêvé et que jamais elle n'aurait imaginé entendre dans sa propre maison. Elle avait accourut, un sourire aux lèvres. Du haut des escaliers, elle s'éclaircit la voix et prononça son premier mot au jeune homme. « Salut! » Et il était monté dans sa chambre, avec l'accord de Mme Baxter, bien sûr. Elle était à la limite de la crise d'hystérie lorsqu'elle le regardait, assis sur son propre lit, à elle. « Tu .. ? » « Alors je.. » avaient-ils prononcé à l'unisson, laissant place a un silence hésitant concernant qui prendrait la parole en premier. « Louise, J'avais un truc à te demander si tu veux bien. Tu risques de trouver ça bizarre mais bon. » finit-il par lâcher. « Oui ? Et c'est "Aloysia" pour les intimes. » Elle s'attendait à tout, vraiment tout, sauf ce qu'il s'apprêtait réellement à lui demander. « Je m'en vais. Je pars, sur la route, loin d'ici, j'en ai ma claque de ma famille de merde, de ma vie de merde, de tout. Je sais pas ou je vais, ni avec quelles ressources, j'ai une voiture et c'est tout tu vois. » De choc, elle se contentait de hocher la tête tandis qu'elle se demandait pourquoi il lui disait ça, à elle. « Pars avec moi. » lâcha-t-il avant de reprendre une bonne bouffée d'air. « J'ai pas envie de me prendre la tête, j'ai envie d'être en bonne compagnie et tous les jours on se croise, tu me souries et t'as l'air cool, j'ai envie que tu viennes avec moi. J'ai ma voiture, si tu veux on pars cette nuit, toi, moi, nous deux, sur les routes. Je te promets qu'ça va être sympa, mieux qu'ici... »

Il était minuit. Trois petits coups secs retentirent sur la fenêtre de la jeune fille. « Oui, Kyle. Partons, ensemble, on sera heureux, pour le reste on verra après » lui avait-elle chuchoté énergiquement depuis l'intérieur de sa chambre qu'elle quitta quelques minutes plus tard pour la dernière fois avec une valise à la main.

Pendant cinq ans, ils avaient été sur les routes d'Amérique, à vivre d'amour et de spontanéité, de joie et de hasard, d'abord puis ensuite de violence et de vols, d'arnaques et d'insultes. Cinq ans, à faire des conneries comme s'il n'y avait plus de lendemain, c'était long pour deux gamins qui avaient décidé de partir ensemble sur un coup de tête sans réellement s'aimer ni être fait l'un pour l'autre. Au début, c'était un conte de fée, il était le prince qui l'avait fait quitter sa prison dorée, elle était la "Raiponce" qui mettait de la joie dans sa vie de délinquant. Ils s'aimaient, ils n'en doutaient pas, tellement pas qu'arrivés à Las Vegas, ils s'étaient passé la bague au doigt. Mais le contes de fée, ça ne dure pas. Les désaccords commencèrent à arriver, les disputes aussi et au bout de la quatrième année, rien n'allait plus entre le prince et sa princesse, mis à part des assiettes qu'ils s'envoyaient à la tête en guise de cloture d'argumentation. Mais après quatre ans ensemble, ils s'aimaient, ou ils pensaient s'aimer. C'était de l'amour vache, de l'amour abusifs, c'est ce qu'ils se disaient en tout cas.


Elle claqua violemment la porte derrière elle, provoquant la colère de son mari. « Ouais allez, casses toi! J'espère que tes parents vont prier pour que leur fille arrête d'être une grosse casse-couille » Il jouait avec ses nerfs, il avait conscience que parler des parents d'Aloysia n'était pas la meilleure idée, bien au contraire. « Putain mais ta gueule Kyle. » Avait-elle simplement rétorqué avant de s'éloigner de la voiture. Intérieurement, elle bouillonnait de rage, mais elle avait l'habitude, maintenant. Ce n'était qu'une dispute de plus, ou ça aurait pu l'être si Kyle, ivre, n'avait pas couché avec la première fille passée pour se venger du comportement de sa femme.
« Oh putain » S'était-elle contentée de lâcher lorsqu'Aloysia, avec l'intention de s'excuser, était revenue vers Kyle et l'avait trouvé en compagnie d'une autre fille qui se trouvait être complétement nue. « Tu sais quoi ? Vas te faire foutre, Kyle. J'en ai marre de faire des efforts pour toi, de m'excuser, de rester avec toi après comment tu me traites, mais la c'est trop, Kyle. C'est trop! Alors tu sais quoi ? T'as qu'à emmener ta charmante amie avec toi sur les routes parce que moi je me barres. C'est fini. Fini! Je veux plus jamais entendre parler de toi, ni te revoir, jamais. » Elle lui avait lancé un dernier coup d'oeil, malgré le flou que provoquaient les larmes dans ses yeux et elle était partie...


Après un mois à errer sur les routes, Kyle avait réalisé que la solitude le tuait. Il avait essayé de cheminer avec d'autres mais plus rien n'était pareil, sa vie était vide sans Aloysia, malgré son fort caractère et tout ce qui allait mal entre eux. Il se demandait souvent ce qu'elle avait fait après qu'il lui ait brisé le coeur, ou elle était allée. Une chose était sûre, il devait la retrouver, il devait lui dire ce que lui avait sur le coeur même si sa propre fierté devait en prendre un coup. Et c'est lorsque le panneau "Arizona" s'afficha qu'il eût une lueur d'espoir. Ce soir la, Kyle prendrait la direction de Scottsdale, la ville ou il s'était promis de ne plus jamais mettre les pieds.